L’Assemblée à l’heure des recommandations
7 avril 2023

Le premier cycle de l’Assemblée citoyenne pour le climat touche à sa fin. Après avoir décrit collectivement le cap désirable pour Bruxelles en 2050 (voir newsletter 1), les citoyennes et citoyens sont rentrés dans le concret et ont commencé à élaborer leurs premières recommandations pour améliorer l’habitat au regard des enjeux climatiques. Retours sur les sessions 3 et 4.

 

Lors de la troisième session, les participants de l’Assemblée ont rencontré une quarantaine d’intervenantes et intervenants, du secteur public et privé, des personnes du monde associatif, économique et académique. L’objectif de ce forum ? Présenter aux citoyennes et citoyens des expériences de terrain et des innovations autour de thèmes tels que le logement social, la protection de la biodiversité, la revitalisation de l’espace urbain et l’aménagement du territoire, l’adaptation au changement climatique ou la rénovation énergétique.

Après des échanges très riches, les participant-e-s ont travaillé à des pré-recommandations. Ces dernières ont d’abord été analysées par un comité (composé de deux citoyen-ne-s volontaires et de personnes de l’administration) pour évaluer quelles étaient les pré-recommandations déjà dans les tuyaux des différents plans régionaux, celles qui relevaient ou non des compétences de la Région et celles qui méritaient approfondies ou précisées. Trois grandes préoccupations ont été mises en avant. Il est intéressant de noter que, sur ces sujets, l’administration fait face aux mêmes dilemmes voire aux mêmes ambiguïtés que les citoyennes et citoyens de l’Assemblée. Les voici :

Quel équilibre entre le besoin de logements et la volonté de végétaliser ?

En région bruxelloise, il y a 25% d’espaces verts privés, 25% d’espaces verts publics et 50% d’espaces construits (les routes représente 20% de la superficie totale de Bruxelles). D’ici 2030, la région ne devrait plus perdre d’espaces verts mais plutôt en gagner d’ici 2040 (+3%). L’Assemblée doit être attentive à deux points sensibles : la répartition des espaces verts qui est, aujourd’hui, inéquitable d’un quartier à l’autre et le besoin de davantage de végétalisation qui se heurte à la nécessité d’augmenter le nombre de logements. A ce sujet, Bruxelles Environnement a souligné l’incertitude sur la croissance démographique dans les années à venir. Si la population a augmenté récemment en raison de l’accueil des réfugiés ukrainiens, elle devrait se stabiliser. Enfin, une contradiction se fait sentir dans la demande de logements : l’augmentation des normes de confort et donc des besoins en espace. Mais pour répondre à ces deux besoins (logements et végétalisation en ville), est-on collectivement prêt-e-s à renoncer à des mètres carrés ? Attention également à ce que la construction de logements ou d’équipements n’engendre pas la perte d’activités productives : artisans, petits commerces et bureaux comme cela peut être le cas.

Habiter autrement : comment faire pour mutualiser les usages des bâtiments ?

Là encore, question complexe. Dans les années 90, les fonctions dites fortes étaient les bureaux. Aujourd’hui, il s’agit plutôt de logements qui doivent être associés à la nature, aux équipements publics et au logement social. Maintenir un équilibre, comme l’a soulevé l’Assemblée, pour optimiser leur usage, améliorer leur rentabilité et leur gouvernance est donc indispensable si l’on veut répondre aux défis à venir.

La question se pose aussi à l’intérieur des bâtiments : mutualiser les usages pourrait permettre de répondre aux défis climatiques pour baisser les consommations. Par exemple, rendre polyvalent un espace (des salles d’une école qui changent d’usage le soir ou le weekend quand l’école est fermée) ou la mutualisation d’équipements au sein d’un immeuble (une salle buanderie). Mais jusqu’où chacun est-il prêt à aller pour plus de sobriété ? Jusqu’où pourrait-on imposer cette mutualisation ? Cela renvoie à la question de nos modes de vie.

A quelles conditions les rénovations énergétiques seront-elles juste
socialement ?

Faut-il forcer les personnes à rénover ? Selon un sondage auprès des propriétaires de logements privés (Bruxelles Environnement, 2020), 57% de la population est favorable à une obligation émanant de l’autorité publique. Parmi la population en désaccord, une minorité de personnes, les moins qualifiées et diplômées, n’ont pourtant pas confiance dans l’autorité publique ; les autres, avec des revenus plus bas, craignent de ne pas obtenir de prêt pour financer leurs travaux. Et si les propriétaires bruxellois sont généralement assez âgés et ont de bons revenus, 8% des propriétaires connaissent des difficultés financières (quand le taux de pauvreté atteint 37% chez les locataires).
Qu’est-ce-qui motive à la rénovation ? Les problèmes tels que des fuites d’eau, les toitures défectueuses ou les chaudières cassées. Le principal obstacle est de trouver un bon entrepreneur et de s’assurer que les travaux seront bien réalisés. L’autre difficulté est que l’obligation de rénover n’entraîne pas automatiquement des comportements plus vertueux (baisse de la consommation d’énergie ou d’eau).

Les participant-e-s de l’Assemblée ont donc creusé ces grands points, sans abandonner non plus, d’autres sujets qui leur tenaient à cœur. Nous ne pouvons ici vous donner plus de détails car les propositions doivent être encore peaufinées et votées par l’Assemblée.