Portrait

Janvière

Léandre (c) Bryapro

Janvière vit en Belgique depuis 22 ans, dont 10 à Bruxelles. Elle est arrivée du Rwanda à 17 ans à une époque où mineure, « il était facile d’obtenir le statut de réfugié politique ». Sa famille a fui après le Génocide et la guerre, dans un premier temps vers l’est du Congo ex-Zaïre. Puis, le pays sombrant à son tour dans l’instabilité totale, elle part pour le Kenya où ses parents et la fratrie posent leurs valises. « J’ai d’ailleurs une petite pensée pour les victimes de l’Est du Congo qui continuent à vivre des atrocités ».


Janvière étudiera, elle, seule à Bruxelles. A 39 ans, elle est aujourd’hui analyste dans une banque et vit avec son mari dans la commune d’Anderlecht. Un de ses frères habite Anvers, un autre à Liège et sa sœur s’est installée à Gand. Ce qu’elle apprécie de la capitale, c’est son « dynamisme, l’ambiance et la diversité ». Curieuse de nature, engagée dans son quotidien – elle est bénévole et donne des cours de soutien scolaire aux enfants de la communauté d’Afrique centrale – elle a tout de suite accepté de participer à l’Assemblée citoyenne pour le climat : « j’ai considéré que c’était une opportunité ». L’alimentation était un sujet qui lui tenait déjà à cœur mais la découverte de son réel impact sur l’environnement « l’a choqué ». Tout comme le coût financier indirect de la malbouffe pour le Gouvernement en raison des effets négatifs sur la santé.

Janvière n’a pas été déçue par la démarche, bien au contraire. Elle a apprécié « le respect mutuel, le partage et l’ouverture au dialogue : je n’ai pas vu de gens méfiants ni renfermés ». Et l’avis citoyen, qu’en pense-t-elle ? « On a donné le meilleur de nous-même, on a parlé le cœur ouvert » même si elle concède « un manque de temps », une accélération du rythme sur les derniers jours, qui n’a pas permis de creuser certaines propositions et qui a laissé « moins de place à la créativité ».

Pour prolonger l’aventure et s’assurer que les recommandations citoyennes obtiennent des réponses (positives ou négatives), Janvière fait partie du comité de suivi avec 9 autres camarades. Elle voit son rôle comme un « porte-voix » des membres de l’Assemblée : « on doit maintenant se concentrer sur les résultats ». Des idées ? Janvière en a plein la tête et pense déjà aux personnes susceptibles d’être intéressées par les différentes mesures comme cet échevin chargé des cantines publiques qu’elle a rencontré le jour de la remise de l’avis au Gouvernement.

Quand on lui demande une anecdote, elle sourit et se rappelle une séance de travail en petit groupe. A la fin de l’atelier, pressé par le temps, l’animateur demande de remettre les résultats de la discussion, l’un des participants s’impose et commence à rédiger le compte-rendu ; les autres manifestent leur désaccord et insistent pour le faire ensemble sur la base de ce qui avait été décidé collectivement. « Je pensais qu’il allait râler. Et il a simplement dit ‘Merci de me rappeler qu’on travaille en équipe’ ». C’est aussi ça l’esprit de l’Assemblée.