Les propositions des citoyens sur l’économie de partage (cycle 3)

Ce lundi, l’Assemblée citoyenne bruxelloise pour le climat a remis ses propositions au Gouvernement bruxellois sortant autour de l’économie collaborative. Il s’agit de l’aboutissement du travail d’un groupe de 100 Bruxelloises et Bruxellois tirés au sort, qui se sont rassemblés pendant six journées entre le 15 février et le 27 avril 2025, pour le troisième cycle de l’Assemblée. 

« Nous ne sommes pas des expertes ni des experts, mais nous sommes les premiers-ères concerné-es par les changements de société. C’est pourquoi ce que nous avons à dire doit être pris au sérieux. Nous avons fait l’effort de prioriser des propositions. À vous de faire l’effort d’y porter attention », déclarent les citoyens de l’Assemblée dans leur rapport.  

Les participants et participantes ont formulé des propositions concrètes et ont pris soin de les prioriser. Le thème de ce cycle était l’économie de partage, soit les pratiques collaboratives comme l’échange, la location, la mutualisation ou encore le réemploi d’objets et services. Un focus thématique a été fait sur la mobilité, l’énergie et le logement partagés.  

Un travail nourri par des visites de terrain et des experts 

Pour nourrir ces débats, les citoyens sont allés à la rencontre d’initiatives existantes à Bruxelles telles qu’un atelier de menuiserie collaboratif (Gilbard), un lieu dédié à l’économie circulaire (Circularium) ou encore un atelier de fabrication mutualisé (le Micro Factory). Ils ont également écouté une vingtaine d’experts de l’économie collaborative.  

Quelques chiffres frappants ont alimenté leurs réflexions. Par exemple, les personnes qui possèdent une perceuse l’utilisent en moyenne 11 minutes tout au long de leur vie.   Par exemple, dans un des ateliers visités à Anderlecht, les outils sont partagés entre 120 membres, dont 50 avec un usage professionnel. Si chaque professionnel avait dû acheter ses propres outils, les émissions de CO2 représenteraient l’équivalent de 200 allers-retours Paris-New York. Dans ce contexte, partager plutôt qu’acheter devient un levier climatique puissant. 

Des propositions pragmatiques   

Le rapport disponible ici, détaille un ensemble de mesures prioritaires ancrées dans la réalité bruxelloise.  

« En tant que membre de l’Assemblée citoyenne pour le climat, je suis consciente que toutes nos propositions ne pourront pas être mises en œuvre immédiatement. Entre l’absence de gouvernement et le contexte budgétaire difficile à Bruxelles, les priorités politiques seront ailleurs. Mais nos idées restent sur la table, car elles tracent une voie essentielle vers un avenir plus sobre et plus solidaire. » 

— Ariane, participante de l’Assemblée citoyenne pour le climat 

Parmi les propositions phares :  

  • L’élargissement des missions des bibliothèques en y intégrant le prêt d’objets, d’outils, de jeux ou de matériel pour jeunes parents, ainsi que la création d’un « outilbus » itinérant. 
  • Le développement de hubs d’énergie partagée par quartier, avec accompagnement technique, cartographie solaire et simplification des démarches. 
  • Des incitants concrets pour les voitures partagées, notamment l’accès facilité pour les jeunes conducteurs et une meilleure couverture territoriale. 
  • Un incubateur régional pour soutenir les initiatives citoyennes d’économie collaborative, avec accompagnement administratif et partage d’expertise.  
  • Un plan régional de visibilité pour faire connaître les projets existants comme les babythèques, outilthèques déjà actifs à Bruxelles – via une cartographie, un site multilingue et des campagnes dans l’espace public. 

Les initiatives de partage reposent souvent sur des bénévoles qui manquent de temps et de moyens. L’Assemblée propose donc d’agir aussi sur le bénévolat, par exemple, en instaurant des congés citoyens pour les salariés et salariées, en mettant en place un “Service citoyen” à Bruxelles ou en créant une journée du bénévolat dans les écoles. 

Un appel à la continuité 

Au-delà des mesures, les citoyens appellent en filigranes les responsables politiques à prolonger la dynamique participative initiée par l’Assemblée : 

« Ce que nous vous livrons ici, ce sont des idées mûries, discutées, priorisées. Ce n’est pas un programme politique, c’est une parole citoyenne. Elle mérite d’être entendue, et surtout suivie d’effets. Nous vous demandons de ne pas refermer cette parenthèse participative, mais au contraire de prolonger l’élan. L’Assemblée citoyenne ne doit pas être une exception : elle devrait devenir un outil régulier de la démocratie bruxelloise.» 

Ambition écologique, mais aussi sociale 

Les membres de l’Assemblée soulignent la double dimension de l’économie de partage : elle permet à la fois de réduire l’empreinte carbone (moins de production de biens, moins de déchets) et de renforcer la cohésion sociale à l’échelle des quartiers. Le manque de lien social est à la fois un frein et une solution à la mise en place de projets d’économie collaborative, selon l’Assemblée. 

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