« Vous avez la chance de pouvoir peser »

Les membres du cycle 2 de l’Assemblée citoyenne pour le climat ont également remis leur avis au Gouvernement en février, cette fois sur la thématique de l’adaptation de notre système alimentaire. Moins de trois mois plus tard, le 22 avril, le ministre de la transition climatique a dévoilé les premières réponses des différentes administrations concernées par ces recommandations citoyennes et répondu aux questions des citoyennes et citoyens présents lors de cet événement. Extraits.

(c) Bryapro

Assemblée citoyenne : Nous proposons d’imposer un repas végétarien sain et équilibré par semaine au même prix que les repas carnés. Comment fonctionnent les prix dans les cantines ?

Le Ministre : C’est à chaque fois différent en fonction de la structure : école, crèche, hôpital… Nous pensons que le prix doit permettre une rémunération juste et équitable des producteurs d’alimentation et des maraîchers. Dans l’ordonnance que nous allons déposer, l’idée est de contrebalancer le fait que l’alimentation bio peut être plus chère par une diminution du grammage de viande y compris quand il ne s’agit pas d’un régime végétarien. Notre idée : diminuer les grammages de protéine alimentaire. 

Pour l’anecdote, il y a quelques années, il y avait une résolution en débat au Parlement sur les « Jeudis Veggie », c’est-à-dire instaurer un jeudi végétarien dans toutes les cuisines des collectivités. Vous n’imaginez pas le degré de tension politique qu’il y a eu autour de cette résolution (qui n’était même pas contraignante). Les mentalités sont en train de changer, et finalement cette résolution a été votée.

Assemblée citoyenne : Nous proposons de réviser l’ordonnance actuelle qui doit obliger les supermarchés d’une surface de 1 000m² à donner leurs invendus à l’aide alimentaire pour élargir cette obligation aux supermarchés de 500m². Allez-vous soutenir cette recommandation ?

Le Ministre: Nous allons déjà mettre en vigueur le choix politique sur les 1000m². Beaucoup d’acteurs y sont viscéralement opposés. Cela vaudra la peine d’évaluer cette mesure en 2025, de se laisser le temps de voir comment cela fonctionne et s’il faut la modifier. Comme toute législation, d’abord la faire vivre puis évaluer. Je n’ai pas d’opposition de principe à descendre à 500m² mais commencer par 1000 m² est plus raisonnable.

Assemblée citoyenne : Comment pouvez-vous nous aider à porter nos recommandations à un autre niveau de pouvoir ?

Le Ministre : Si vous aviez des homologues à d’autres niveaux de pouvoir, vous pourriez dialoguer, avec d’autres assemblées citoyennes permanentes wallonnes, flamandes, fédérales… Nous accordons tout de même une attention à vos recommandations qui ne sont pas au niveau régional. Rien n’empêche que nous essayons, dans la mesure de nos possibilités, d’influencer ou de sensibiliser.

Assemblée citoyenne : Dans notre groupe, certain-e-s sont très content-e-s de voir de voir que nos recommandations rejoignent ce qui est déjà mis en place. D’autres s’interrogent sur la pertinence de l’Assemblée.

Le Ministre : Cette question se pose toujours dans les processus participatifs. Pour vous rassurer, parfois les parlementaires se posent la même question ! Certaines de vos recommandations, comme la formation pour les professionnel-le-s de santé sur l’alimentation durable, touchent des champs peu explorés jusqu’à présent. C’est malin. D’autre part, un certain nombre de vos recommandations rejoignent des considérations qui préexistaient. Heureusement ! Et ce n’est pas un problème. Sur les cantines[1], par exemple, nous hésitions à déposer l’ordonnance. Le fait que ce soit appuyé par l’Assemblée nous a fait trancher pour déposer. Il faut avoir de l’ambition et de l’humilité. Vous avez la chance de pouvoir peser.

Pour en savoir plus :

 

[1] Imposer une réduction de 50% des protéines animales dans les lieux de restauration collective ; imposer, au minimum une fois par semaine avec perspective de progression vers deux fois, un menu végétarien sain et équilibré dans les cantines collectives et publiques ; coordonner et organiser la gestion des invendus et des surplus des institutions publiques et de la restauration collective.